Le printemps s’installe et la saison de l’ail des ours démarre tranquillement. Selon l’altitude et l’exposition, vous le trouverez au stade de feuilles encore pendant au moins un mois. Bien que l’on puisse le consommer en fleurs, les feuilles sont meilleures avant la floraison. Cette étape de développement où l’on ne voit que les parties vertes est la plus risquée en termes d’identification : la confusion est possible avec le colchique et le muguet, qui sont toxiques. Alors, comment éviter les confusions lors de la cueillette d’ail des ours ? Je vous donne quelques pistes pour mieux reconnaître cette plante.
Ail des ours, muguet et colchique : comment distinguer les feuilles
Les feuilles de ces trois plantes sont très similaires : elles sont toutes simples, lancéolées (dont la feuille a l’aspect d’une lance) et à nervures parallèles, comme le plantain. Nous pouvons trouver le plantain dans un tout petit coin de verdure, en ville ou à la campagne !
Cela permet à tout le monde de pouvoir observer en détail les nervures de ces feuilles, et d’intégrer la notion de « nervures parallèles ». Cela vous sera utile lorsque vous partirez en balade à la recherche du muguet, de l’ail des ours et du colchique.
Il peut arriver que ces trois plantes différentes (muguet, ail des ours et colchique) poussent au même endroit et au même moment, surtout pour le muguet et l’ail des ours.
Apprendre à observer les plantes
Il existe bien des différences entre le muguet, l’ail des ours et le colchique : fines certes, mais pas impossibles à distinguer. La feuille d’ail des ours a un pétiole alors que les feuilles de muguet et de colchique n’en ont pas : vous pouvez le visualiser sur le dessin ci-dessous. Les feuilles du colchique et du muguet partent du sol en s’enroulant entre elles un peu comme le biscuit d’un cornet de glace.
Lors d’une observation détaillée, vous allez constater que c’est surtout la zone où les feuilles émergent de l’axe principal et la partie souterraine qui permettent d’éclaircir la situation.
Si vous avez besoin d’aller jusqu’à déterrer la plante pour observer, pensez à lui redonner une chance si vous ne la consommez pas : remettez-la en terre. Ensuite, à force d’observations, votre œil saura s’aguerrir et les feuilles seules vous suffiront.
Toucher les plantes pour ressentir leur souplesse
Difficile de représenter l’aspect rigide des feuilles au crayon : l’ail des ours a une structure de feuille fragile et très souple, à l’inverse de celles du muguet et du colchique qui sont plus solides et épaisses.
En prenant le temps de toucher et manipuler ces feuilles, vous allez apprendre à ressentir des sensations et ainsi agrandir votre sensibilité de ce sens si important qui est le toucher.
Lorsque vous êtes en phase d’observation comme celle-ci qui nécessite de prendre les feuilles dans les doigts, il est essentiel de penser à se laver les mains de retour chez vous afin de ne prendre aucun risque inutile.
Utilisez tous vos sens et pensez à sentir l’odeur des plantes
De nombreuses plantes possèdent une odeur caractéristique. C’est le cas de l’ail des ours : c’est un des points qui vous permettra de différencier cette plante comestible. En effet, celle-ci possède une forte odeur d’ail très reconnaissable.
Par contre, il est important de rester prudent tout le long de votre cueillette et de vérifier également les aspects botaniques des feuilles. En effet, vos mains vont vite se recouvrir de cette odeur d’ail et cela pourrait vous induire en erreur en voulant sentir les autres feuilles.
N’oubliez pas, plusieurs vérifications valent mieux qu’une.
Cela vous permettra de profiter pleinement des délicieuses recettes à base d’ail des ours.
Confusion possible entre l’ail des ours et l’arum
Une confusion est possible avec une autre plante toxique : l’arum. Là encore, les erreurs sont fréquentes lors des premiers stades de développement seulement. Dans ce cas, il suffit de regarder précisément les nervures de la feuille, qui ne sont pas parallèles chez l’arum. Chez cette dernière, on parle de nervures ramifiées. Quand l’arum commence à grandir, on constate vite qu’il n’y a plus de ressemblance. Effectivement, les feuilles de cette plante toxique possèdent deux lobes bien visibles, ce qui n’est pas le cas chez l’ail des ours.
Alors, prudence au début du printemps lorsque la nature reprend vie. Les plantes sont toutes jeunes et c’est à ce moment que l’on observe des similitudes botaniques.
Lorsque la floraison arrive, les inflorescences sont très différentes pour chacune des plantes, et il est alors plus facile de distinguer ces quatre plantes.
🌿Article à lire : comment cueillir des plantes sauvages en toute sécurité ?
N’oubliez pas de vérifier plus que de raison avant de consommer vos cueillettes, et d’observer de nouveau feuille par feuille si nécessaire (en cas de cueillette effectuée en ramassant plusieurs feuilles à la fois par exemple). Ces critères ne sont pas exhaustifs, et la nature joue parfois des tours en produisant des exceptions ! Avec cet article, vous savez comment éviter la confusion de l’ail des ours avant la floraison et ainsi être plus serein.e lors de vos prochaines cueillettes.
Lexique botanique
Sessile : feuille, fleur ou fruit qui s’insère directement à l’axe principal. ==>Absence de pétiole. Dans le cas du colchique et du muguet : les feuilles paraissent sessiles.
Pétiole : partie qui relie le limbe à la tige principale. C’est le cas des feuilles d’ail des ours.
Limbe : partie principale, plane et élargie de la feuille. Le limbe est spécialisé dans la photosynthèse, il capte au mieux l’énergie du soleil.
Feuille : limbe + pétiole (ou limbe seulement si la feuille est sessile 😉)
L’ail des ours, ça fout un peu la frousse… mais j’irais regarder de plus près dans les sous-bois, dans les futaies. Sans consommer, je ne suis pas prêt…
Merci pour cet article très détaillé. Ca donne envie d’en savoir encore plus. J’attends le reste avec impatience.
Loule 🙂
Salut Mathilde, trop chouette cette première News letter !
Je sens que je vais apprendre un milliard de choses !
Bravo et a bientôt,
Binette
Merci beaucoup pour tes conseils et ces beaux dessins ! C’est une grande aide ! Et
ça donne envie de cueillettes ! 🙂
Merci Mathilde! On apprend toujours des choses intéressantes avec tes articles. C’est grâce à tes conseil qu’on a cueilli seuls notre ail des ours cette année. Et on se régale! Au fait, tes illustrations sont belles 👍🏻
Merci Mathilde pour ton article ! En ce moment j’en consomme à chaque repas et n’avais pas pensé à faire attention à cela. Je serais vigilante lors des prochaines cueillettes 🙂