Au vu des actualités, la cueillette sauvage et l’utilisation des plantes sont de plus en plus répandues. Parallèlement, le nombre d’accidents liés à cette pratique augmente, ce qui m’a poussée à m’exprimer sur le sujet et donner quelques préconisations qui me paraissent utiles. Le monde des plantes peut être fascinant, pour celui ou celle qui s’y penche avec curiosité et soif de découvrir. C’est une mine d’inspiration certaine pour les poètes, une palette de parfums et de saveurs pour les amoureux·ses de la cuisine, une source de connaissances intarissable pour les passionné·e·s de la nature, de la santé et de la biologie. Mais pour cueillir des plantes sauvages en toute sécurité, il est essentiel de respecter quelques règles et d’agir avec précautions.
Les risques à connaître avant de consommer des plantes
Trésors de la nature, ressources alimentaires, alliées des bobos du quotidien : les plantes possèdent des bienfaits pour l’être humain et les animaux. Mais il serait déraisonnable de ne parler que de ces aspects : car certaines plantes sont mortelles. Le risque de confusion est omniprésent, à chaque récolte.
🌿Lire l’article sur la confusion possible entre l’ail des ours et le colchique
Le résultat d’une erreur d’identification peut mener, dans le meilleur des cas, à une petite réaction bénigne, souvent d’ordre digestif, mais cela peut aussi conduire à des dommages irréversibles sur certains de nos organes, et dans le pire des cas, au décès. Afin d’éviter tout risque, apprenez à connaître et reconnaître les espèces végétales qui vous entourent.
5 conseils pour cueillir des plantes sauvages en toute sécurité
1 - Faire des sorties botaniques avec des professionnel.le. s
Il est certain que dans votre région se trouve des passionné.e.s de plantes sauvages. Ils ont étudié, pris le temps d’apprendre à connaître les espèces végétales. Ces personnes proposent parfois des sorties botaniques afin de vous apprendre à reconnaître des plantes communes. C’est en observant attentivement les plantes dans leur totalité et en discutant avec des personnes qui les connaissent que vous commencerez à apprendre à les différencier.
2 - Consulter des flores
Le monde végétal est à approcher avec patience et humilité : une sortie accompagnée d’un·e professionnel·le, ou un livre ne suffiront pas, selon moi, à faire entrer dans votre cuisine ou votre salle de bain une nouvelle venue. Pourtant, ces démarches sont nécessaires et participent au chemin vers l’autonomie, qui se fait par étapes. Il est essentiel de passer du temps à étudier, à douter, à se former de nouveau, à vérifier les critères d’identification déterminants plusieurs fois avant une quelconque utilisation. Pour cela, il existe d’excellentes flores en petit format que vous pourrez emporter partout.
Je vous en propose un choix de flores en fin d’article.
3 - Recouper les sources
Concrètement, voici mes habitudes : encore aujourd’hui, alors que j’étudie et pratique les plantes depuis plus de 15 ans, lorsque je rencontre une plante qui m’est inconnue, je la photographie, l’observe sous toutes ses coutures : a-t-elle des poils, des tâches ? Sa tige est-elle ronde ? Carrée ? Quelle est son odeur ?
Pour apprendre à cueillir des plantes sauvages en toute sécurité, j’ouvre systématiquement deux à trois livres pour recouper mes observations, ainsi que plusieurs sites-ressources : je vérifie les critères d’identification de la plante ET ceux des confusions possibles.
4 - Écouter ses doutes
Vous n’êtes pas certain.e de l’identification d’une plante ? Alors, ne la cueillez surtout pas ! Ne prenez aucun risque. Prenez le temps d’observer cette plante inconnue puis tentez de la trouver dans votre flore. Il faut toujours être sur.e à 100 % du nom de la plante, puis prendre connaissance de toutes ses propriétés : principes actifs, toxicité, contre-indications. Apprendre à cueillir des plantes sauvages en toute sécurité vous permettra d’être complètement serein.e lors de la création de vos recettes avec les espèces végétales comestibles.
5 - Oser goûter les plantes que l’on a reconnues
Si c’est une plante comestible, alors vient la phase de test pour la saveur, les doses et les manières de l’accommoder. Je commence toujours par une très petite quantité, car tous les goûts sont dans la nature, c’est le cas de le dire 😉. Acidité, amertume, douceur : c’est en goûtant cette plante que je vais pouvoir créer des recettes et incorporer ces espèces comestibles à mes plats. Ensuite seulement, la nouvelle plante prend sa place dans mes recettes ou soins. Concernant l’emploi en phytothérapie, les précautions à prendre sont encore plus importantes. Tout comme pour leur consommation en cuisine, il est indispensable de bien se renseigner quant à l’usage de ces plantes autour du soin.
Il arrive qu’une année entière soit nécessaire afin de « connaître » une plante. J’ai besoin d’observer le végétal chaque saison. Souvent, les feuilles d’une plante d’octobre n’ont rien à voir avec celles du mois de mai, en termes d’aspect, de goût, voire de toxicité. De la patience donc, car j’estime que ce processus est incompressible. Je retiendrai l’importance de mettre en place des automatismes de vérification lorsque l’on part en cueillette, même si l’on ne se considère pas comme novice. Et n’oublions pas que nous sommes seul·e·s responsables de ce que nous consommons. C’est pour cela qu’apprendre comment cueillir des plantes en toute sécurité est essentiel aux bonnes pratiques de cueillette.
Si vous voulez apprendre à reconnaître les plantes, je vous invite à participer aux ateliers/formations ou marches-conférences de L’écho sauvage. À la suite de ces sorties botaniques, je vous propose un suivi pour vérifier vos futures cueillettes de plantes détaillées ensemble.
Sources
- https://www.tela-botanica.org/ : très riche, en descriptions botaniques et clichés, vous y trouverez de nombreuses informations, dont le statut de protection des plantes en fonction des zones géographiques.
- http://abiris.snv.jussieu.fr/flore/herbier.php : un herbier virtuel avec des photos types « botanique » et professionnelles, idéales pour comparer avec un échantillon.
- Toxiplante : Un site qui répertorie les plantes toxiques de France.
- La flore de Jeanne Covillot : « Clé d’identification illustrée des plantes sauvages de nos régions » – 1998
- Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, de François Couplan et Eva Styner – Éditions Delachaux – 2020
- Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, de Paul-Victor Fournier – Éditions Omnibus – 2010
- La petite flore de France, Régis Thomas, David Busti et Margarethe Maillart. Editions Belin, 2022.