Cueillette sauvage d'origan Belledonne Mathilde Simon l'écho sauvage

Retour sur la conférence « Les plantes sauvages comestibles, partenaires d’hier et d’aujourd’hui »

Le 22 mars 2024, (une nouvelle date est programmée en octobre 2024 !) grâce au partenariat avec l’association Gentiana, j’ai pu donner une conférence sur l’utilisation des plantes sauvages comestibles, au Muséum de Grenoble. Un sujet qui m’intéresse et qui me questionne presque chaque jour. Aujourd’hui, la cueillette et la cuisine des plantes sauvages comestibles sont très en vogue, et j’en ai moi-même fait une partie de mon métier. Mais la relation entre l’humain et cette flore sauvage ne s’est jamais vraiment arrêtée. Elle fluctue, augmente ou s’étiole au gré de notre évolution sur la Terre.

Une histoire qui dure depuis toujours

Nous le savons toutes et tous, l’alimentation de l’humain a d’abord été le résultat de la chasse et de la cueillette. Selon les régions et les périodes, la cueillette a pu représenter la majeure partie du régime alimentaire. Puis, il y a environ 10 000 ans, au Néolithique, la domestication des plantes et les balbutiements de l’agriculture ont fait leur apparition. Cela ne s’est pas fait en un jour, et l’agriculture continue d’évoluer aujourd’hui encore. En parallèle de cette domestication des plantes et de l’évolution des techniques d’agriculture, l’utilisation des plantes sauvages est restée importante jusqu’au début du XXe siècle environ (en Occident). Puis, le pétrole, la mécanisation ont apporté une vraie révolution dans notre façon de nous nourrir. Et l’utilisation des plantes sauvages a quasiment disparu de nos assiettes. Même s’il reste quelques usages anecdotiques dans certaines campagnes, la plupart des humains de ces deux dernières générations n’en ont jamais goûté. Aujourd’hui, la cueillette revient sur le devant de la scène, et peut nous apporter bien plus que leur potentiel nutritif.

La cueillette des plantes sauvages comme repère dans notre rapport au vivant

fleurs de mauve à sécher pour tisane

La pratique de la cueillette pour se nourrir est un exercice qui nous amène à nous questionner sur beaucoup de sujets essentiels. Et c’est pour cela que je fais ce métier, je suis persuadée que la cueillette nous relie aux « autres êtres vivants » que nous appelons souvent « nature ». On se demande assez rapidement lorsque l’on ramasse les fleurs de mauve ou de lierre terrestre, mais qui est cet insecte que je dérange ? Je lui laisse la fleur ou je le vire ? Et pourquoi ? Et si je cueille cette plante de cette façon, sera-t-elle là l’année prochaine ? Est-ce que je retire de la nourriture à un autre être vivant ? Si je la prélève maintenant, aura-t-elle eu le temps de se reproduire ? Pourquoi je la veux ?

Et pourquoi pas philosopher et réfléchir à notre position dominatrice sur le vivant ? La cueillette m’a amenée à des lectures et des réflexions qui ne sont pas centrées sur les plantes. Par exemple certains ouvrages et discours de Philippe Descola.

Et puis la cueillette nous oblige à observer, la plante bien sûr, mais son milieu aussi. Petit à petit nous recréons ce lien entre l’humain et « la nature », si étiolé dans nos sociétés Occidentales. Nous réapprenons à les connaître et les reconnaître, et elles ont de nouveau une place dans notre tête. Puis, logiquement, elles entrent dans l’équation de nos choix de vie, de consommation. Et petit à petit elles permettent d’aller vers un mode de vie plus respectueux de cette « nature », avec un réel sens et une réelle conscience, grâce à l’expérience de la cueillette et de l’immersion dans ces environnements où elle est possible.

Plantes sauvages et agriculture

Et puis, sur des sujets plus techniques, se nourrir de plantes sauvages peut être un moyen pour aborder la domestication des plantes et l’agriculture. Comment sommes nous passés d’une salade amère aux feuilles à peine plus larges qu’une pièce de deux euros à nos variétés de laitues, aux larges feuilles tendres et douces ? Comment sommes nous passés de la carotte sauvage à la racine fibreuse, blanche et épaisse comme un petit doigt à la carotte orange, pleine de sucres et de vitamines ?

Qu’y avons nous perdu ? Qu’y avons gagné ? Un sujet complexe et extrêmement riche, qui peut apporter de nouvelles pistes pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

La conférence, un temps précieux

Dans cette période ou c’est l’effervescence des informations rapides, sensationnelles qui domine, où les réseaux prennent le pas sur une bonne partie des moyens de communication, je trouve que la conférence est un format privilégié.

D’une part, nous nous rencontrons, nous nous voyons et échangeons lors des questions. D’autre part, j’ai le temps de développer des concepts, des réflexions ou tout simplement de décrire des plantes correctement. J’ai le temps d’aller au bout de mes idées, de répondre à vos questions correctement. Ce qu’un post sur Instagram, Linkedin ou encore Facebook ne me permet pas.

Je me demandais si ce format vous plairait à vous aussi, et finalement oui, vous étiez si nombreuses et nombreux ! Les organisateurs ont dû fermer les portes tôt. Et beaucoup de monde est resté dehors et n’a pas pu assister à la conférence, ce qui est vraiment dommage.

Après une discussion avec Gentiana, nous avons programmé une nouvelle date : le 11 octobre 2024. Tous les thèmes abordés ci-dessus seront développés, et je choisirai quelques plantes de saison à vous faire découvrir !

J’espère que les personnes qui n’ont pas pu assister à la première date pourront venir !

Ce format fait partie des prestations que je réalise sur demande, pour animer et enrichir un évènement, n’hésitez pas à demander un devis à lechosauvage@gmail.com

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